Comme tous les matins, Anita commençait sa journée par un petit coup de chiffon aux fenêtres de l'hôtel.
Pour elle nouvellement engagée c'était un mardi comme les autres.
Carla , elle , savait exactement quelle journée nous étions et surtout elle savait quelle date était inscrite sur le journal.
Craignant que cela se produise une fois encore, même si elle s'activait pour se réchauffer, les sueurs froides perlaient sur son front inquiet.
C'est au dixième coup de l'horloge grand-père que Juan et Beatriz se présentèrent, à la réception, pour obtenir une chambre pour la journée. José prit, sans trop regarder, la première clé lui tombant dans la main...et c'est la chambre numéro 12 qui accueillit ce tout jeune couple de mariés.
Un court arrêt à la chambre pour déposer leur seule valise et vite un petit tour romantique sur la plage.
La plage est calme.
Un simple promeneur y déambule.
Le club Neptuna ouvre ses portes et deux ouvriers débutent les travaux d'installation des abris pour les touristes qui ne tarderont pas à arriver.
Le vieux gardien du club penché à une fenêtre épie les faits et gestes des personnes qui passent. Il était présent le 27 novembre 1954. C'est lui qui avait découvert le tout premier corps...il en avait fait des cauchemars pendant des années. Les yeux rivés sur sa longue-vue, il commence à trembler dès qu'il l'aperçoit.
Cette main... ses doigts énergiques et tendus comme des crocs. En particulier cette pilosité...il est si vieux...mais ce bras...il ne peut pas l'avoir oublié, même après 54 ans...il sent la sueur descendre sa colonne vertébrale...il baisse doucement la main tenant les jumelles et c'est les épaules recourbées qu'il remonte au grenier se cacher sous les couvertures de son lit. Il ne redescendra que le lendemain.
Le ciel s'assombrit brusquement et une brume intense s'installe.
Le bras poilu entoure rapidement le cou de cette toute jeune femme...les doigts de l'autre main s'abattent durement sur sa bouche...aucun son n'a pu sortir...vite...il faut faire vite...de plus en plus vite...quelques minutes suffisent...puis la course reprend...pour s'éloigner et se terrer jusqu'à l'an prochain.
Juan se réveilla seul dans cette chambre numéro 12...il ne revit JAMAIS plus sa Beatriz...seul des pas sur le sable...près à s'effacer par la marée montante...ce n'est que ce qui reste de ce que aura vécu sa douce compagne.
Une semaine avait passé lorsque la pelle de Ramòn toucha quelque chose de mou...il commença à agrandir délicatement le trou...croyant avoir affaire un morceau de poisson.
Ce sont les doigts fins de Beatriz qui sortirent du sable...enfin...Juan pourra lui faire des funérailles digne d'elle...elle lui avait glissé à l'oreille lors de leur arrivée à Pinamar...sur la plage..en le serrant dans ses bras...qu'elle aimerait bien que ces cendres soient répandues, ici, sur cette plage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire