Une certaine cérémonie religieuse, un cortège solennel où l’on chante et l’on prie : La procession du lundi de la semaine sainte à Cusco.
Dès notre retour de
Machu Picchu, j'avais demandé à
Aurora s'il y avait des activités
spéciales pour souligner la semaine sainte, ici, à
Cusco. Une longue conversation débuta. Il faut savoir que tous les habitants de
Cusco sont catholiques et la grande majorité très pratiquants. Une des fêtes la plus importante pour cette semaine est la procession du lundi. Les gens ne travaillent cette journée-là que jusqu'à midi pour leur permettre de se préparer à la grande cérémonie. La procession débute vers les 16h30 devant une des nombreuses églises de la ville et suit un trajet qui la fait passer devant plusieurs églises où elle s'arrête le temps d'une bénédiction mais le point culminant est son arrivée à la
Plaza de Armas où elle termine son long périple face à la Cathédrale. Immédiatement notre hôtesse suggéra que nous réservions une table dans un des nombreux cafés situés sur la
Plaza de Armas, aux deuxième étage, pour avoir une vue imprenable sur le cortège. Le lundi arrivant, nous nous sommes promené en ville pour voir un peu comment les gens décoraient leurs balcons ou soulignaient d'un ruban ou d'un drapeau leurs portes.
Plusieurs femmes ou enfants vendent des sachets contenant des pétales de couleur oranger, d'une fleur qui ne fleurit qu'en cette période de l'année et qui est un symbole inca. Ses pétales seront utilisés durant la cérémonie lors du passage du Christ. Nous partons vers 16h00 direction la Plaza pour essayer de nous trouver une table disponible. Nous commençons à visiter les différents cafés mais déjà à cette heure les tables près des fenêtres sont toutes occupées.
Nous persévérons et surprise, sans que nous nous soyons donné rendez-vous, nous retrouvons
Manu, assise à une table, très bien orientée,
avec une amie et deux places libres que nous nous empressons d'occupées. Il est 17h00 et la place doucement se remplie. Les pompiers arrivent avec leurs camions et les sirènes retentissent. Ils font le tour de la place et se stationnent sur une rue toute proche.
Mama nous avait mentionné que la procession arriverait vers les 17h30 et 18h00. On sirote café et maté de coca lentement en jasant voyage. Le garçon, à 17h20, vient déposer sur la table un carton indiquant que la table est réservée pour 18h00. On se regarde tous en pensant mais…ce n'est pas juste…nous étions ici avant justement pour être là à 18h00 !!! On y peut rien !!! On décide, moi et Bernard, de se lever et d'aller rejoindre les gens sur la place à 17h50 en lançant un petit adios à
Manu qui reste assise.
Les gens commencent vraiment à s'amonceler à partir de 18h15. On a choisi un endroit un peu plus élevé pour avoir la vue sur le cortège qui arrivera. Les premières rangées longeant la rue sont vite occupées. Puis, les gens se rangent derrière. Finalement à 19h00 nous voyons, au loin, la croix du Christ transportée par 8 hommes sur une plate-forme, qui approche.
A mesure qu'il avance vers nous, on sent une tension montée. L' émotion est palpable. Les gens tout autour crient "viene" (il arrive) "El Cristo" (le
Christ). Les parents qui ont amené des enfants, les prennent sur leurs épaules pour leur donner l'occasion de le voir et on les entend demander : "Tu le vois ?" Nous sommes, à ce moment-là, entouré de tout bord, tout côté. Je sens les petites mains du jeune garçon de 4 ans sur mes pantalons, sa maman derrière moi m'arrive à peine aux épaules et tout à coup je la vois essayer de lever son petit homme pour lui faire voir le
Christ. Elle peine beaucoup et ne peut le soutenir ainsi que quelques secondes et le dépose vitement au sol. Je me retourne et fais signe à l'enfant de passer s'il le veut pour voir et comme je remarque les yeux inquiets de la maman, je la laisse aussi passer devant moi. Je sens bien toute l'importance pour elle et son fils de suivre "religieusement" cette procession tandis que nous, étant athées, nous regardons cet événement que du point de vue touristique.
Une fois le
Christ passé, nous nous disons que nous pourrions essayer de sortir de la foule pour retourner à la maison…bien pensé mais impossible à réaliser. Nous nous retournons difficilement et au bout de 3 pas on comprend que la mission est inexécutable et qu'il vaut mieux attendre que le Christ se soit rendu sur le parvis de la Cathédrale et qu'il donne sa bénédiction comme prévu mettant ainsi fin à la procession. Bernard faisant dos au défilé, dû, pour vous donner une petite idée du monde qui nous entourait, lever un bras dans les airs, puis l'autre et ainsi les 2 bras dans les airs, en faisant des pas de souris il réussit à se tourner sur lui-même…c'était pas mal fou !!! Jamais de notre vie nous avions été confronté à une si grande foule.
Les 7 rues qui mènent à la Plaza de Armas sont, elles aussi, remplies. Les pompiers font vibrer leurs sirènes au moment exact où le
Christ se penche pour bénir la population et il se penche à trois reprises, le côté droit, le centre et le côté gauche. Les sirènes sont là pour faire connaître à ceux qui ne peuvent voir ce qui se passe, que la bénédiction se fait. Pendant la bénédiction un silence de recueillement s'installe, les gens élèvent un bras dans les airs …c'est impressionnant toute cette dévotion. Il y a bien eu à quelques reprises des gens un peu plus loin qui ont essayé de se faire un chemin pour mieux voir et du même coup, ils poussaient dangereusement risquant de faire tomber des gens…heureusement tout s'est bien passé. À
20h00 nous avons pu nous mettre en route, pas à pas, en suivant les gens. Cela aura pris 4 coins de rues pour
ENFIN pouvoir marcher librement sans contrainte. Toute une expérience qui restera gravée longtemps dans notre cœur et que nous ne pourrons manquer nous rappeler lorsqu'on entendra le mot
Cusco.